La plupart des rythmes de capoeira se construisent autour d’une structure sur huit temps commençant souvent de la même manière avec deux sons grésillés :
x x I o I o I o (les « x » représentant les sons grésillés, les « I » les coups de baqueta et les « o », les « continuité » de note).
On modifiera certains éléments de la structure de base pour jouer les différents toques de berimbau.
A savoir, que selon les différents groupes de capoeira (qui sont originaires de différentes régions du Brésil), la correspondance entre les toques et leur nom peut varier.
Ainsi, selon les groupes, le même toque peut être jouer plus ou moins rapidement ou implique de jouer la capoeira différemment : jeu dur, jeu fermé, jeu ouvert, au sol, acrobatique, etc… Il n’y pas vraiment de règles, mais cette différence mis à part, les différents groupes pourront parfaitement jouer ensemble sans se soucier des noms des toques qu’ils jouent !
Afin que les rythmes soient plus compréhensibles dans leur lecture, ils seront marqués par onomatopées (ce qui est aussi une des meilleures façons de les apprendre).
Les toques les plus communs pour la capoeira Angola :
C’est le toque de base de la capoeira Angola. C’est un rythme lent soutenu par un jeu d’atabaque assez lourd et posé et sur lequel personne ne frappe dans les mains. Transportant une certaine magie, une certaine mélancolie, Il accompagne la ladainha, la chula et aussi les chansons de la capoeira Angola.
D’une manière générale, la capoeira Angola se joue beaucoup proche du sol mais sur ce rythme, les capoeiristes jouent de façon assez fermée (c’est-à-dire un jeu où l’on va essayer de se bloquer ou se contrer l’un l’autre) et montrent leur « malicia » (leur ruse, au sens le plus étroit du terme…).
Trame : Tch Tch Tong Ting~~ O (~~ signifie qu’on laisse résonner la note sur un temps et le « O » signifie que l’on joue un son de caxixi).
C’est un toque intermédiaire entre le toque d’Angola, car un peu plus rapide, et le toque de Sao Bento Grande d’Angola. En effet, sur ce rythme, on met l’accent sur un jeu plus technique et où l’on doit faire preuve de plus d’agilité et de fluidité.
Trame : Tch Tch Ting Tong~~ O
Utilisé aussi pour la capoeira régional, c’est le toque le plus rapide de la capoeira Angola. Sao Bento Grande d’Angola est un toque sur lequel les capoeiristes jouent vite, « fermés » et parfois de façon décisive.
C’est un jeu assez spectaculaire car il peut combiner une grande technique à de belles acrobaties.
Trame : Tch Tch Ting Tong Tong
Les toques les plus communs pour la capoeira Regional :
Appelé aussi São Bento Grande de Bimba et créé par Mestre Bimba, c’est le toque de base de la capoeira regional. Les capoeiristes adopte un jeu, rapide, dur mais assez technique et avec de très courts passages au sol.
Dans ce jeu et pour beaucoup de groupe, sont principalement utilisés des coups de pieds directs (martelo, benção, ponteira, gancho,…), les coups sont portés et la capacité d’esquive autant que l’attention sont mise à l’épreuve.
Trame : Tch Tch Tong Tch Ting Tch Tch Tong Tong Ting – (certains groupe ne jouent que la dernière partie : Tch Tch Tong Tong Ting)
Autre toque créé par Mestre Bimba, il implique un jeu plus proche du sol, beaucoup plus technique que le toque de São Bento Grande de Regional mais moins « violent », un jeu dit « de dentro » (« à l’intérieur »), très fluide et où la communication est très importante. En effet, les coups employés ne sont jamais des coups directs et l’accent est mis sur l’utilisation de la « malicia ».
Les projections (vingativa, tesoura,…) et les techniques de balayage (banda, rasteira, negativa com rasteira,…) sont alors aussi très utilisées. Face à ces techniques, le capoeiristes qui joue la benguela va « retourner » ces techniques contre son utilisateur, c’est une spécificité de ce jeu.
C’est le style de jeu le plus technique de la Capoeira Regional et le plus difficile à jouer.
Il est en général utilisé en début de roda de capoeira regional ou pour calmer un jeu qui s’endurcit un peu trop.
Trame : Tch Tch Tong Tch Ting Tch Tch Tong Ting Ting – (certains groupe ne jouent que la première partie : Tch Tch Tong Tch Ting et d’autres uniquement la seconde)
Les toques particuliers de capoeira Angola :
Comme son nom le suggère, ce toque de Capoeira Angola implique un jeu dans un espace très réduit, souvent formé par une roda très resserrée. Il oblige les élèves à jouer près.
Trame : Tch Tch Ting Tch Ting Tch Tch Ting Tong Ting
(certains groupe ne jouent que la dernière partie : Tch Tch Ting Tong Ting)
Le toque de Jogo de Fora est un toque où les capoeiristes doivent jouer continuellement debout sans poser les mains au sol.
Trame : Tong Tch Tong~~ Tong Tch Tong~~ Tong Tch Tong Tch Tong Tch Tong.
Ce toque, aussi appelé Santa Maria de Angola, se jouait à l’origine avec des couteaux ou des coupe-choux (type de rasoir ancien). C’était le jeu des règlements de comptes dans la roda !
Trame : Tch Tch Tong~~ Tong Tong Tong Tch Tch Tong~~ Tong Tong Ting Tch Tch Ting~~ Ting Ting Ting Tch Tch Ting~~ Ting Ting Tong.
Les toques particuliers de capoeira Regional :
Toque créé par Mestre Bimba, il est en quelques sortes l’équivalent dans la capoeira regional de Santa Maria de Angola dans la capoeira Angola.
En effet, ce toque impliquait lui aussi un affrontements avec des couteaux ou des coupe-choux tenue par les mains voir même par les pieds (coincés entre les orteils) et dont l’issue pouvait être fatale à l’un des capoeiristes.
Les maltas qui s’affrontaient se protégeaient la gorge en se parant d’un petit foulard en soie. Bien que ce soit un protection assez faible, le foulard servait aussi à piéger la lame de l’adversaire (quand ça marchait…) au cas où celui-ci tenterait une entaille mortelle à la gorge !
Trame : Tch Tch Tong Tong Ting Tong Tong Tch Ting
Lorsque ce toque est joué, les capoeiristes jouent d’un façon très particulière : un jeu très expressif, très théâtralisé et basé sur les mouvements d’animaux. Le jeu associé à ce toque, bien que très ouvert, peut se pratiquer dans un espace très réduit, les capoeiras jouant alors en se passant au dessus ou en dessous l’un de l’autre sans jamais utiliser la ginga.
Enfin c’est un toque où il n’y a aucun chant et où personne ne frappe dans les mains.
La trame de ce toque est assez particulière puisque composée de 3 figures rythmiques différentes qui s’assemble entre elle :
Fig1. Tch Tch Tong Tong Tong Tong Ting~~ Tong Ting Tong Tong Ting~~
Fig2. Tch Tch Tong Tch Tch Ting Tch Tch Tong Tong Tong Tong Ting~~
Fig2 (2ème version). Tch Tch Tong Tch Ting Tch Tch Tong Tong Ting~~
Fig3. Tch Tch Tong Tong Tong Tong Ting Ting Ting Ting Tong Tong Tong Tong Ting
Iuna est au départ le nom d’un oiseau dont le chant est très particulier. C’est en reproduisant ce chant que Mestre Bimba a créé ce toque qu’il a nommé du même nom que l’oiseau qu’il l’a inspiré.
Sur ce toque, se joue ce que l’on appelle souvent le « Jogo dos Mestres » (le jeu des Maîtres) et ainsi, seuls jouent les Mestres bien sur, mais aussi les Contra-Mestres, Professores, Formados, Instructores et quelques Aluno Graduado (élèves gradés) sur autorisation du Mestre. Les élèves qui forment la roda s’assied à terre ne chantent pas, ne frappent pas dans leurs mains (bien que certain groupes le font) mais observent « l’expérience à l’œuvre »…
Les capoeiristes adoptent alors un jeu où l’esthétisme, l’élégance et la technique priment. La violence n’a pas sa place dans ce jeu, les techniques de projection ou de déséquilibrages sont permises mais doivent seulement être marquées et non appliquées. Ainsi cela donne souvent des jeux acrobatiques, très aériens et spectaculaires que l’on retrouve fréquemment lors des batizados, des démonstrations de capoeira ou toutes autres occasions spéciales.
Trame :
Le toque de Iuna est lui aussi très particulier puisqu’il est basé non seulement sur une trame mais aussi sur les effets !
D’une part, le fait de décoller la calebasse du ventre sur certains coups va être très important pour donner tout son sens au toque de Iuna !
D’autre part, on emploi aussi une note « glissé » c’est-à-dire que l’on frappe la corde pour jouer une note puis on joue une autre note rapidement sans refrapper la corde (sur ce toque par exemple on frappe la corde à vide puis on appuie le dobrão sur la corde pour jouer le son « brisé » « Tch »).
Pour faire plus simple, voici les notes jouées :
tong = note grave et calebasse collée au ventre.
TONG = note grave et calebasse décollée du ventre.
Tch = note brisée en frappant la corde.
Tch# = note brisée en apposant le dobrão sur la corde. Cette note à plus pour vocation de « stopper » la résonance de la note précédente.
Et pour faire encore plus simple, on va décomposer en 3 parties (c’est la manière la plus utilisée pour apprendre ce toque) :
1ère partie : Tch Tch tong Tch# tong Tch# TONG Tch#
2ème partie : Tch Tch tong Tch# TONG Tch# TONG Tch#
3ème partie : Tch Tch tong Tch# tong Tch# TONG TONG TONG TONG TONG Tch# TONG Tch# TONG Tch#
Variante pour la 3ème partie : Tch Tch tong Tch# tong Tch# TONG Tch# TONG Tch# TONG Tch# TONG Tch# TONG Tch#
Les toques qui marque des évènements :
C’est un toque d’alerte !
Il a été créé pour prévenir les capoeiras de l’arrivée des esclavagistes puis par la suite de la police montée (Esquadrão de Cavalaria da Guardia National) lors de l’interdiction officielle de la capoeira suite à la proclamation de la république.
C’est un toque très peu joué aujourd’hui bien que certains groupes continuent de l’utiliser soit pour apaiser les jeux un peu trop violents ou encore pour prévenir de l’arrivée de capoeiristes d’autres groupes.
Trame :
Fig1. Tch Tong Tch Tong Tch Tong Ting Tong
Fig2. Tch Tong Tong Tong Tong Tong Tong Tong Ting Tong
Aussi appelé dans certains groupe « Apanha Laranja no Chão Tico-Tico » ou encore « Jogo de Dinhero » (jeu d’argent) voir même dans certains groupe de Capoeira Regional : « Santa Maria de Regional ».
Certains pensent qu’à l’origine ce toque et donc ce jeu sont partis d’une plaisanterie dans laquelle certains anciens Mestres lançaient un morceau de viande au milieu de la roda, le vainqueur étant celui qui attraperait le morceau avec la bouche en premier ! Le jeu aurait gagné ses lettres de noblesse en devenant un jeu joué lors des fêtes de Santa Barbara ! Lors de ces fêtes, un tournoi était organisé, le but était d’attraper une toile blanche (qui remplaçait le morceau de viande) placée au milieu de la roda.
Le jeu se serait ensuite popularisé et l’enjeu serait devenu aujourd’hui de l’argent ou parfois un caxixi (plus facile à attraper avec les dents !).
Trame : Il existe quelques manières de jouer ce toque, voici la plus commune!
Tch–Tong Tch–Tong Tch–Tong Tong Tong
(le “-“ siginfie que les deux notes sont liées et jouées très vite).
La samba représente une petite partie de l’identité culturelle du Brésil, on la retrouve donc jusque dans la capoeira !
La Samba de la capoeira se retrouve sous le terme de Samba de Roda : on la retrouve à la fin d’une roda. Les gens rentrent dans cette roda et dansent au son du Berimbau et du Pandeiro, par deux ou à plusieurs !
Trame : Encore une fois plusieurs manière de jouer ce toque, voici les deux plus communes!
1. Tch Tch Tong Tch Tch Tong Tch Tch Tong Tch# Tong Tong
Rappel : Tch# = note brisée en apposant le dobrão sur la corde. Mais au contraire de Iuna, ici la note doit être bien entendue.
2. Tch Tch Tong Tch Tong Tong Tch Tong Ting Tong~~ Ting Tong
C’est un toque funèbre joué pour honorer un proche décédé. Utilisé pour les funérailles, on ne joue pas la capoeira sur ce toque.
Trame : Tch Tch Ting Tch Tch Ting Tch Tch Ting Tong Tong~~ O Tch Tch Ting Tong Tong Tong Tong Tong Tong Tong Ting Tong Tong~~ O
Pour conclure, il faut garder à l’esprit que la manière de jouer chaque toque peut varier d’un groupe à l’autre, tout comme le nom du toque.
De plus, les trames notées pour chaque toques ont été écrites de manière à être accessible au plus grand nombre mais rien ne remplace une démonstration et une explication de la part d’une personne qui sait jouer de l’instrument ! Ces trames ne sont là que pour fournir des connaissances ou au mieux des pistes d’apprentissage.